C'est au bout du Québec. C'est presque
au bout du Canada! Ce n'est plus vraiment le fleuve, c'est un peu la
mer, mais c'est surtout l'océan. À l'horizon? Rien, sauf si on a
suffisamment d’imagination pour voir Terre-Neuve.
L'eau est claire et d'un bleu profond.
La brise vient de loin, emportant avec elle un brin de senteur de sel
et de poisson.
J'ai trop de photos. Pas assez de mots.
J'essaye quant même de vous raconter...
On s'est installé à
St-Georges-de-Malbaie. Officiellement, il faut dire Percé.
Officieusement, c'est un morceau d'un ensemble de villages pour en
relier un grand. La St-Jean s'est vécu avec un feu de camp visible
sur des milles, les couchers de soleil sont dans les plus beaux qu'on
ait vu et il y a dans les gens un plaisir de vivre qu'on voudrait
croiser plus souvent.
Notre première sortie a été pour
Percé, celle qui porte le nom du rocher. À mois que ce ne soit
l'inverse? Il y a de la fébrilité, au détour du croche, juste
avant la grande côte, quand on aperçoit le village. Le Rocher
Percé, ce n'est qu'une grosse roche. Sauf qu'il y a un peu de l'âme
du Québec là-dedans et qu'on doit le voir au moins une fois dans sa
vie!
Passée la fébrilité, on s'avoue
déçu. Le rocher est bien là, mais pas le trou. On marche sur le
quai, qu'on n'atteint pas jusqu'au bout à cause des barrières.
C'est plein de ciment et de bateaux de croisières. Il n'y pas le
petit quelque chose qu'on attendait. Ceci dit, c'est bien entretenu
et il y a même des travaux d'embellissement.
On pensait se rendre sur l’Île
Bonaventure pour voir les fous de bassan. C'était avant de réaliser qu'on payait cher pour
polluer la mer et déranger des oiseaux dans un lieu protégé. On le
protège de quoi au fait? On devrait penser à le protéger de nous!
Je sais, ça semble bien négatif. Un
peu peut-être, même si ce n'est pas l'impression que l'on souhaite.
Vous savez qu'on préfère la nature. On est seulement déçu des
dommages que l'on fait à un lieu qui mérite plus de respect. Je
pense aussi au monsieur, ses billets dans les mains, qui poussait les
gens descendant d'un des bateaux pour s’asseoir à la meilleure
place. Mais pourquoi?
Alors donc, si vous voulez voir le
rocher avec son trou, il vous faudra vous rendre à la halte, en haut
de la côte Surprise. La vue est magnifique et beaucoup plus
paisible. C'est ici que l'on a trouvé notre « quelque chose »
à nous. Et SVP, n'allez pas par la mer pour y marcher. Avec le
frottement des mains, le beau rocher s'effrite. Qu'en restera-t-il
dans dix ans? Dans cent ans? Je voudrais que l'on prenne le temps
pour admirer sans avoir besoin de démolir, de pousser ou de polluer.
Juste en dehors du village, il y a la
grotte. En fait, ce n'en est pas tout à fait une, mais plutôt le
nom que les gens d'ici lui donne. Il s'agit d'une chute d'eau devenue
avec le temps un lieu de recueillement. Certains y viennent pour célébrer Marie. Dautres pour la magie. Il y avait d'ailleurs une
maman et sa grande fille venu y célébrer le solstice. Sachez que le
chemin pour y parvenir est un vrai « ch'min d'bois ».
André dirait « une trail de vaches ». Mais si vous ne
craignez pas quelques trous dans un chemin à peine plus large que le
pare-choc, je vous conseille d'y venir!
Un peu plus loin, entre Percé et
Gaspé, nous nous sommes rendus à la rivière du Portage. Mieux
connue sous le nom de la rivière aux Émeraudes, à cause de la
couleur verte de l'eau que l'on doit aux algues accrochées aux
roches sur le fond. Soyez prudents si vous marchez dans l'eau, c'est
très glissant!
Après un sentier plus ou moins long (5
km ou 1,5 km), accidenté, parsemé d'escaliers et que l'on a adoré,
on peut se rendre à la chute aux émeraudes. En été, on peut s'y
baigner. À notre passage, l'eau était encore froide. Nous avons
tout de même marché des deux côtés de la chute, les deux pieds
dans l'eau (Je ne sais pas comment on aurait pu y résister!). L'eau
est claire et on peut y voir de nombreux poissons.
Parlant de sentiers, nous n'allions pas
passer à côté d'un parc national fédéral : Nous nous sommes
donc rendus à Forillon.
Parait-il qu'il y a des ours. Des
porcs-épics. Des orignaux. Des... Plein d'animaux qui ne se seront
pas montrés le bout du nez! On sait pourtant qu'ils étaient là
pour les traces indéniables qu'ils laissent derrière eux. On a bien
essayé le sentier le plus fréquenté par toutes ces bêtes. J'avoue
que j'espérais beaucoup les apercevoir. Surtout les ours! J'en ai
pourtant vu souvent, mais j'avais envie de vivre le moment avec les
enfants. Malheureusement, le sentier n'était pas que fréquenté par
les animaux. Il l'était aussi par d'autres bêtes à deux pattes.
Vous savez celles qui prennent toute la place et qui font du bruit!
Nous marchions sur l'autoroute de Forillon. Nous n'étions pas les
seuls à vouloir croiser la nature, et ça se comprend. Mais pour
nous, c'était beaucoup trop de monde. On a donc rebroussé chemin en passant par le sentier boisé qui mène à la baie pour choisir des randonnées moins achalandées. Heureusement que
nous n'étions qu'en juin. Je n'ose imaginer juillet, pendant les
constructions.
La bonne nouvelle est que comme tout le
monde marchait sur l'autoroute sauvage, il n'y avait plus que nous
partout ailleurs! Il n'y avait peut-être plus d'ours, mais on
retrouvait la nature silencieuse que l'on aime. Nous nous sommes
alors rendus dans le sentier de la chute. La randonnée n'est pas
très longue, mais elle est exigeante. Certains passages sont plus
escarpés et il y a un grand nombre d'escaliers. Apportez de l'eau et
des cuisses reposées, et oubliez la poussette.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers
Fort-Péninsule afin de descendre entre ses murs bien cachés des
regards. Pendant la deuxième guerre mondiale, plusieurs centaines de
soldats tenaient le fort contre les attaques. On ne connaissait pas
cette partie de l'histoire du Canada. C'est bien triste de réfléchir
aux raisons de l'installation de ce fort, mais nous avons grandement
apprécié y avoir accès. Surtout les canons!
Nous avons fini notre visite par un
arrêt à Penouille. Le soleil déclinait derrière les nuages gris
qui commençaient à couvrir le ciel. Nous avons marché la
passerelle du marécage. Il s'en dégageait une aura de mystère.
Le lendemain, on profitait de notre dernière journée pour marcher
jusqu'aux chutes qui s'écoulaient des falaises de notre camping.
Elles étaient très belles et on prenait le temps... De marcher et
de découvrir ce que la mer avait rejetée. On a même trouvé de
gros rochers remplis de quartz et de pyrite. Je ne sais pas pourquoi,
mais on aime les chutes. Pour leur puissance sans doutes. Parce
qu'elles nous rappellent que l'eau qui s'en écoule trouve toujours
sa route qu'à la rivière, jusqu'à la mer. Un peu comme nous
peut-être!
Et puis, André est allé à la pêche.
Ça faisait longtemps qu'il n'y allait plus et il ressentait l'envie
d'y retourner. Quatre belles truites arc-en-ciel l'auront rendu
heureux. Peut-être pas les plus grosses, mais il aura partagé son
bonheur avec ses trois garçons dont Keanan qui aura aussi eu le
plaisir d'en prendre une. Je crois bien qu'il y aura quelques
excursions de pêche entre gars qui viendront bientôt!
Finalement, j'avais plus de mots que je
ne le pensais. C'était simple quand on y pense : Des
randonnées, des oiseaux, de la nature et de l'eau. C'est ce qui
laisse nos plus beaux souvenirs. Et j'espère que ça vous aura donné
envie de venir tout au bout de ce côté du fleuve. De Forillon à
Percé, ton coin de pays, on le ramène avec nous et on se le garde
au cœur pour toujours!
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