Je n'ai peur de rien. Sincèrement. Peut-être que je suis inconsciente, mais je ne me pose pas beaucoup de questions. Je pense que la vie est belle et que l'on doit la respecter en la vivant le plus possible.
La peur permet à l'instinct de rester attentif. Et j'écoute. Cette petite voix en moi qui sait en tout temps ce que je dois faire ou pas. Je ne me suis jamais trompée. Parce que j'ai écouté ce qui était vraiment important.
Mais il y a un an, j'ai eu peur... Pour vrai. Je ne m'écoutais plus aussi bien. J'ai pris rendez-vous avec mon médecin. Quand elle m'a rappelée, je savais que ça n'allait pas.
Mon corps se faisait du mal. J'étais très malade. Mes reins ne fonctionnaient plus, j'étais attendue à l'urgence. Tout a été vite... De nombreuses prises de sang, une biopsie et plusieurs examens montraient une maladie incurable rare qu'il fallait contrôler. On a pensé à la dialyse. À la greffe aussi.
J'ai demandé pourquoi aux médecins. Ils n'avaient pas de réponses. Au fond, je n'avais pas vraiment besoin de réponse médicale. Je savais déjà pourquoi : J'étais fatiguée et mon corps avait abandonné.
Et c'est là que j'ai eu peur. Parce que j'avais quatre enfants. Que j'étais mariée et que je devais maintenir notre famille. Parce que j'avais encore des rêves. Que j'étais encore jeune. Que je ne voulais pas le pire..... Que je voulais vivre!
La maladie s'attaquait aussi à mes yeux. J'ai fait une mononucléose. J'avais les premiers symptômes de la polyarthrite rhumatoide.
J'ai pris divers médicaments (Jusqu'à huit différents par jour pendant quelques semaines) et de la cortisone à haute dose. Mais mon corps n'en a pas voulu. J'ai été hospitalisée parce que j'ai eu tous les effets rares et dangereux. Le sevrage a été long. Par contre, mes reins sont repartis.
J'ai dû m'arrêter. Ça tombait bien parce que les enfants avaient aussi besoin de s'arrêter. Ils voulaient revoir l'hiver. Ils voulaient jouer dans la neige. On s'est adapté.
Je suis maintenant stable, mais sous immunosuppresseurs. Je ferai de l'insuffisance rénale pour toujours. La mononucléose s'est estompée. Mes yeux vont mieux. La polyarthrite fait partie de moi maintenant. La douleur est ma nouvelle amie.
Mais je vais bien. Tranquillement, j'ai repris le dessus. J'ai changé... physiquement et psychologiquement. J'admire mon corps pour la force dont il a fait preuve. J'admire mon esprit pour la puissance qu'il a déployé.
Et pourquoi je vous dit ça? Parce que la vie est belle et qu'on la néglige trop souvent. Que tout peux s'arrêter n'importe quand. On ne sait pas quand ni comment.
Profitez de tout ce qui compte le plus. Dites "Je t'aime" le plus possible. Ne perdez pas de temps à vous comparer. Aimez-vous. Prenez le temps de savourer chaque seconde et arrêtez d'attendre le futur. La vie c'est maintenant!
Je vous le dit aussi pour tous ceux qui m'ont dit ou écrit qu'ils ne voyageaient plus depuis que la maladie faisait partie de leur vie. Je veux que vous sachiez qu'on peut rêver ET réaliser quant même. On s'adapte encore et je vous dirai comment.
Quant à moi, je me suis reposée et je peux repartir. Plus solide et à l'écoute. Nos prochains voyages seront encore plus lents... Il faut que je respecte ce corps qui a changé, qui est le mien et que j'aime, mais qui est plus lent aussi. Je veux prendre le temps de comprendre et d'écouter. Je vais continuer, chaque jour, lentement et avec amour.
Faites-en autant. Partez. Vivez. Aimez. Riez. Parce que vous ne savez pas quand tout s'arrêtera... N'ayez pas de regrets. Foncez.