En 2017, lors du dépôt du projet de loi 144 sur l'éducation à domicile, j'ai écrit un article (La vie et tout ce qu'elle contient) qui
expliquait ce qu'était notre vie sans école et notre cheminement
pour y arriver. Ce texte a été partagé dans un mémoire qui a été
remis au gouvernement de l'époque afin d'aider à établir les
règles qui seraient appliquées. Finalement, l'an dernier, le parti
libéral a mis en place un règlement.
Ce règlement qui est entré en vigueur
le 1er juillet 2018, stipule que nous devons déclarer nos intentions
de faire l'éducation à la maison pour chacun de nos enfants. En
plus, nous devons préparer un projet d'apprentissage qui englobe le
français, une autre langue, les mathématiques, la science et la
technologie, les arts, le développement de la personne et l'univers
social. Nous devons ensuite faire le suivi et un bilan de
mi-parcours. Finalement, nous préparons le bilan de fin d'année et
faisons le suivi des apprentissages de l'année, qui pour notre
famille se fait par portfolio.
C'est beaucoup d'obligations, mais pour
garder notre liberté éducative, nous avons accepté ces règles.
Le 27 mars dernier, le gouvernement de
la CAQ, entré au pouvoir à l'automne, via le ministre de
l'éducation, Jean-François Roberge, a déposé un projet de règlement qui viendra tout changer. Mes enfants devront suivre à la
lettre le programme scolaire québécois en plus de faire les examens
ministériels.
Il est hors de question que l'on
accepte ça!
Nous avons le droit de choisir la forme
d'éducation que nous souhaitons pour nos enfants. Nous avons
choisi la liberté d'apprendre à notre rythme et à celui de nos
enfants. Nous avons choisi la liberté de nos connaissances.
Afin d'expliquer
au ministre notre refus d'imposer à nos enfants et à notre famille
une quelconque obligation de suivi du cursus scolaire québécois et
d'évaluation, nous avons écrit une lettre qui a été envoyée au
bureau du ministre. Je partage cette lettre ici. Pour que vous
sachiez que nous avons le devoir de nous opposer à ce qui ne fait
pas de sens. Pour que notre voix soit entendue.
Je partage surtout parce que mes
enfants sont le plus important et qu'il mérite que l'on se batte
pour eux, quoi qu'il arrive et quoi que cela implique.
De plus, nous avons fait une plainte au Protecteur du citoyen pour que les recommandations déjà faites par le passé soient respectées. Je vous invite à en faire autant. Pour votre famille, pour vos enfants. Nous avons le devoir de nous exprimer.
Le gouvernement n'a ni le mandat ni le droit de
dicter SES lois et de les imposer. Nous devons nous tenir droit et
rester fort... Pour le futur, pour l'avenir, pour la liberté!
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Le 20 avril 2019
Monsieur Jean-François Roberge
Ministre de l’éducationMinistère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec
1035, rue De La Chevrotière, 16ème
étage
Québec, Québec G1R 5A5
Monsieur,
C’est avec énormément
de tristesse, d’inquiétude et d’incompréhension que nous vous
écrivons aujourd’hui. Nous devons avouer que c’est aussi avec un
sentiment de colère face à une décision qui a un impact si
important sur nos vies, et celles de nos enfants. Une décision que
vous avez prise sans nous consulter, nous et toutes les familles
faisant l’éducation à la maison, et que vous prenez selon vos
intérêts sans tenir compte des besoins et des valeurs de ces
familles.
Nous avons pris
connaissance du projet de règlement modifiant le Règlement sur
l’enseignement à la maison (Loi sur l’instruction publique,
chapitre 1-13.3) qui a été déposé le 27 mars dernier et qui
changera radicalement notre cheminement familial. Ce projet de
règlement, s’il est accepté comme tel, qui modifiera le quotidien
de milliers d’enfants.
Nous ne remettons pas en
cause votre désir de permettre à tous les enfants québécois
d’avoir accès à la même éducation, qu’elle soit à la maison
ou en milieu scolaire. Bien au contraire, c’est un désir que nous
avons aussi. Pour notre famille, cela implique d’ailleurs que nous
devons suivre les indications déjà mises en place et qui rendent
obligatoires les matières suivantes :
- Français
- Autre langue
- Mathématique
- Science et technologie
- Arts
- Développement de la personne
- Univers social
Nous sommes conscients
que le règlement actuel concernant l’éducation à la maison n’a
pas été voté par votre parti. Nous avons écouté les débats à
l’Assemblée nationale l’an dernier. Nous vous avons entendu
exprimer vos volontés par rapport à ce qui devrait être nécessaire
et obligatoire. Nous comprenons que vous soyez contrarié et que vous
désiriez maintenant modifier le règlement selon vos désirs. Mais
pourquoi ne pas attendre de voir les changements apportés? Pourquoi
vouloir changer les règles avant même de constater les résultats?
De quoi avez-vous si peur?
Nous acceptons qu’un
suivi des apprentissages soit fait de façon à s’assurer que
chaque enfant progresse et puisse s’améliorer. Nous nous sommes
ainsi engagés à faire les projets d’apprentissages, les bilans et
suivis et les portfolios pour nos quatre enfants à chaque année.
Par contre, nous refusons
de vous octroyer le droit de choisir pour notre famille, pour nos
enfant, de ce qui doit être appris et dans quel ordre. Nous refusons
de nous soumettre à une éducation obligatoire et ordonnée. C’est
avec force que nous nous opposons aux examens obligatoires que vous
désirez nous imposer. Nous ne pouvons accepter que les connaissances
de nos enfants ne se résument qu’à des chiffres sur un bout de
papier qui n’évalueront que la capacité de nos enfants de se
souvenir de certaines données à un certain moment dans le temps.
Parce que soyons honnêtes, les examens obligent d’abord et avant
tout à étudier pour répondre à des questions. Il est tout à fait
faux de prétendre que les examens évaluent réellement le degré de
compréhension ou la capacité d’un enfant à élaborer sur un
sujet.
Comment juger des
connaissances réelles? Que fait-on de tout ce qui est acquis en
dehors du cadre rigide d’une matière? Où situer le cheminement
d’un enfant par rapport à ses besoins personnels et sa capacité
de comprendre? Pourquoi obliger les enfants à apprendre dans un
ordre établi en fonction de leur âge ou d’un groupe? Que
faites-vous du rythme naturel et de la curiosité des enfants?
L’éducation à la
maison habite notre famille depuis dix ans. Dix belles années où la
liberté d’apprendre (Et de vivre) a été vécue avec bonheur,
joie et amour. Dix années où nous avons voyagé, vécu dans une
autre province, parlé d’autres langues. Dix années où nous avons
appris plus grand que tous les livres, où nous avons exploré plus
loin que tous les guides et où nous avons vécu plus intensément
que toutes les salles de classe. Dix années riches de tout ce que la
vie contient de plus beau. Dix années où nos enfant ont eu le droit
d'être des enfants.
Nous ne voulons pas que
nos enfants soient le reflet de ce que VOUS désirez d’eux. Nous ne
voulons pas que nos enfants deviennent VOTRE reflet. Non pas que ce
reflet soit mauvais, mais bien parce que nous souhaitons que nos
enfants soient ce qu’ils sont en eux-mêmes et qu’ils deviennent
ce en quoi ils croient. Nous désirons que nos enfants puissent
penser, apprendre et vivre selon leurs désirs et leurs envies.
Nous désirons que nos
enfants restent libres et que cette liberté continue de les habiter
pour toute leur vie.
Devrons-nous quitter le
Québec? Peut-être cette décision vous laisserait-elle indifférent.
Mais sachez que pour nous elle impliquerait que nous devrions vendre
notre maison, que nous devrions nous éloigner de nos amis, de nos
familles et de la vie que nous avions bâtie, que nous devrions
changer d’emploi et que nous devrions rebâtir là où nous n’avons
pas de repères. Sachez que vous déracineriez nos enfants. Comment
pourriez-vous nous regarder partir par votre faute? Pourquoi
désirez-vous autant que nous soyons semblables ou identiques?
Le Québec nous rendait
fiers de son identité unique, forte et différente. Rien ne
ressemble au Québec. Ne sommes-nous pas une société distincte?
Maintenant, c’est avec dédain que nous regardons notre belle
province devenir vide et perdre ce qui la rendait si unique.
N’allez
pas croire que nos paroles soient dites en l’air. Nos convictions
et notre dévouement par rapport à l’éducation de nos enfants
seront plus forts que notre peur : OUI, nous partirons si vous
persistez à nous imposer ce règlement même si ce n'est pas ce que
nous désirons.
Nous continuons de
souhaiter et d’attendre que vous preniez le temps de réfléchir
aux raisons qui vous poussent à vouloir ce projet de règlement.
Bien sûr, il faut protéger les enfants de l’endoctrinement
religieux. Nous le désirons autant que vous. Mais ne nous mettez pas
tous ensembles. Notre famille et bien d’autres avons choisi
l’éducation à la maison pour la liberté éducative qu’elle
procure, pour la liberté de vie qu’elle permet et pour la liberté
d’être qu’elle offre. Venez nous rencontrer, dans notre univers,
pour que vous constatiez vous-mêmes la beauté d'une éducation
différente, que vous puissiez voir à quel point nos enfants sont
brillants, passionnés et heureux.
Dans l’attente d’un
changement, nous espérons que vous prendrez le temps d’entendre la
voix de nos enfants afin qu’ils grandissent dans un monde où ils
pourront être et devenir qui ils sont. Un monde où ils seront
entendus.
Nathalie, André, Jonathan, Johanna,
Nayten et Keanan
Merci pour cet article je comprend mieux les enjeux de ce projet de loi.
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