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mardi 19 mai 2015

L'envers de Six Nomades!

Nous passons nos hivers dans le sud.
Notre vie est calme et relaxante.
Vous voyageons en permancence.
Nous visitons des endroits fantastiques.

Tout ça, c’est vrai! Mais savez-vous ce que ça cache?


Parce que derrière la belle photo de plage, il y a peut-être de nombreuses algues. Que chaque destinations est d’abord un branle-bas de planifications. Que vivre sur la route implique de nombreuses concessions. Que les chicanes ne se sont pas arrêtés, que les pleurs arrivent souvent, que l’ennui prend de l’ampleur plus qu’avant.

Parce que derrière chaque blogue de voyage, il y a l’envers. Ce que l’on ne vous montre pas, ce que l’on vous cache. Ce qu’on essaye de se cacher à soi-même... Parce que voyager, c’est dur parfois!

La météo

Bien sur que de passer ses hivers dans le sud c'est mieux que de pelleter tout l'hiver ou de sortir à -30C! Par contre, le sud aussi à des périodes froides. En janvier 2014, en Floride, nous avons chauffé  jour et nuit pendant 17 jours sur 31. Nous avons porté nos mitaines et tuques. Nos manteaux. Sans compter la pluie qui a été omniprésente. De décembre 2014 à mars 2015, en Californie, Arizona et Nouveau-Mexique, nous avons chauffé toutes les nuits sans exception. À San Diego, il y a eu de la neige à Noël 2014.

Il faut être préparer à affronter le froid même dans le sud et surtout dans un VR. L'isolation n'est pas la même qu'une maison. Le vent, le froid, ça entre partout. Aussi, quand vient la météo sous zéro, à moins de disposer d'un plancher isolé et chauffé, il est fort probable que les tuyaux gèlent. L'entrée d'eau devra être coupée. Se faisant, vous n'avez plus d'eau.

Sans compter que de temps en temps, Dame Nature se déchaîne. D'une tempête de sable en Idaho, en passant par les alertes tornades de la Floride ou à la tempête de neige surprise au Nebraska. Le climat est imprévisible et peut faire tourner la plus belle aventure au pire cauchemar.

Tempête de sable en Idaho

 
Tempête de neige au Nebraska 

Et parlant de la pluie. Vous savez celle du printemps ou de l'automne. Celle qui dure des jours et qui nous garde prisonniers. La froide qui invite le vent. Pour se préparer à se marcher sur les pieds dans notre univers trop petit, ça prend de la volonté!

La route

Partir du point A au point B, c'est simple! Sauf si vous ajoutez une fifthwheel. Faire la route, ca veut dire maintenant vérifier les hauteurs de viaduc, les droits d'entrée de tunnel, les limites de poids des ponts, le pourcentage des côtes. Quand le planificateur d'itinéraire indique un temps de 5 heures, ça veut plutôt dire 6 heures 30. Parce qu'il faut mettre de l'essence, manger, faire pipi. Parlant d'essence, il faut s'assurer qu'un poste d'essence sera disponible toutes les trois heures. En diesel surtout et suffisamment grand pour le convoi que nous transportons. Heureusement, les truck stops sont présents sur les grandes autoroutes. Mais qu’advient-il des routes secondaires ou des villes? Il faut alors planifier les arrêts.

Avec les années, l'expérience s'est acquise. Je n'ai besoin maintenant que d'une heure ou deux pour planifier la route! Et ça, c'est si on ne change pas d’idée entre temps. Parce que ça nous arrive souvent et que nous adorons les routes secondaires!

Le ménage

Le ménage n'est jamais venu aussi souvent que depuis que nous vivons dans 400 pieds carrés. La poussière se loge dans chaque centimètres. Ce qui nécessite l'époussettage constant. Sans compter la vaisselle qui se fait entre une et cinq fois par jour parce que nous ne possédons que l'essentiel et que le grand plat blanc pour le gâteau sera nécessaire pour mélanger les muffins, pour brasser la salade et pour mettre les fruits au frigo. Il devra donc être laver après chaque utilisation.

Nous n'avons que deux assiettes chacun. Le même nombre d'ustensiles. Quand tout est utilisé, il faut soit manger dans nos mains soit laver. Et que dire des vêtements? Nous avons la chance d'avoir une laveuse... Format réduit! Je sais que vous ne voulez pas savoir combien de brassées de lavage je fais par semaine!

Le travail

Mon mari travaille la moitié de l’année. L'autre moitié, il est en vacances avec nous. Dit ainsi, ça semble idyllique. J'ai presque envie d'y croire! Dans les faits, mon mari travaille le double d'une semaine normale. Il travaille l'équivalent d'une année complète en quelques mois. Pendant ce temps, moi et mes enfants nous occupons de tout. On en profite pour sortir, évidemment, mais il n’en demeure pas moins que mon conjoint n'est pas là, que papa n'est pas là. Pour tout le monde, c'est un grand coup à donner. On planifie nos prochains voyages et on rêve de ce que nous verrons. Mais en attendant, les heures de travail se succèdent et la fatigue prend trop de place.

L’argent

Source constante de questionnements, l’argent est ce qui nous permet de continuer ou d’arrêter. Évidemment, nous en avions besoin avant aussi. Mais il était plus facile d’ajuster les dépenses en fonction du revenu. C'était stable, prévisible. Nous pouvions aussi travailler un peu plus si il arrivait un pépin. Maintenant, chaque sous est compté en fonction des mois sans travail qui viennent. Chaque dépense est scrutée afin de s’assurer que l’on peut se la permettre.

Quand on vit sur la route, le moindre incident peut changer le cour du voyage. Faire son budget relève de l’improbable parce que les données ne sont jamais fixes. Nous sommes à la merci de la vie!

L’ennui

Au début, on pense à nos amis, à nos familles. On voudrait partager avec eux. Ils ont leurs vies. On s'habitue à garder pour soi. On ne parle plus de notre aventure. Ça n'intéresse plus personne. On s'ennuie de le dire. On voudrait le raconter. Non pas pour l'envie que ça crée, mais pour l'envie d'en parler.

On s'ennuie aussi des détails : le fromage frais, la fondue. L'humidité, le vert des arbres ou le paysage qu'on connaît. On appelle ça le mal du pays. Même quand on veut être partout, les racines ne poussent que là où elles ont été plantées. On se souvient de la senteur quand on passe devant la raffinerie, du bruit des roues quand on passe sur le pont et on a des images de la grande côte vers la Côte-Nord. On s'ennuie des repères qui nous ont forgés.

Les conflits

Difficile de se sauver après une chicane quand on est à 5000 kilomètres de notre lieu d'origine, que l'on ne connaît personne et que le seul endroit où l'on peut aller c'est 10 pieds plus loin. Un jour de fatigue prend l'allure d'une tragédie. Ça arrivait avant. Ça arrive encore. La différence est que l'on vit maintenant les uns sur les autres. Les occasions sont plus nombreuses. C'est plus difficile.

Vivre sur la route est source d'inconnu. La routine rend le quotidien prévisible. Quand l'inconnu devient quotidien, ça laisse place aux mauvaises décisions, aux malentendus, aux changements de plans. Les mots concession, adaptation et résignation prennent un tout autre sens.

Les pertes 

Quand on quitte pour longtemps, la vie nous porte ailleurs et nous continuons d'avancer. Notre entourage se passe de nous. Nous ne sommes plus là quand ils se séparent, quand ils accouchent, quand ils fêtent le dixième de l'aîné, quand ils se marient. Nous ne devenons que la question : As-tu des nouvelles? La réponse à nos courriels prends de plus en plus de temps. Les conversations au téléphone deviennent de plus en plus courtes. Notre présence s'oublie. Leurs vies ne changent pas et  continuent sans nous. Notre vie a changé et continue sans eux.

Quand on quitte pour longtemps, ce que l'on avait avant disparaît. De nouveaux souvenirs se forment, ce qui existait n'existe plus. La grande maison, les sorties au resto en amoureux, le souper chez grand-maman, les cours de musique, la séance de tai-chi, la gymnastique du samedi matin, le feux de camp entre amis...

L’imprevisible

Manquer de batterie en boondocking à -10C et que le chauffage ne marche plus. Devoir dégeler la valve de propane. Ne plus avoir d'essence quand survient l'embouteillage. Avoir un blow-out (Explosion d'un pneu) sur la fifthwheel au milieu de nulle part quand il pleut et qu'il est trop tard. Rouler plus que prévu et ne pas savoir où s'installer. Dormir sur le divan quand il vente trop juste pour être certain que tout est correct. Retenir ses larmes quand on ne sait plus où donner de la tête. Continuer quand on sent que l'on est perdu. Rouler dans un chemin de terre quand on s'est trompé de route. Trouver une solution quand on se retrouve dans un cul-de-sac.


Il faut être prêt à toute éventualité. Si vous l'aviez prévu, ça n'arrivera pas. Ce sera plutôt tout ce que vous pensiez impossible. Tout ce qui n'a aucune chance de se produire!

L’intimité et l’espace

400 pieds carrés. Mettez-y une cuisine, une salle à manger, un salon, deux chambres, cinq lits, deux salles de bain, une douche, une salle de lavage. Reste-t-il de la place? Bien sur que oui parce que l'on ajoute aussi six personnes et un chat.

De quoi parlions-nous? Ah oui, intimité et espace. Tout est dit je crois!!!

Le reste

On passe des heures au téléphone à essayer de régler ce qui n'existe pas. Il n'y a pas de case : Nomade à temps plein sur les rapports d'impôts. Les assurances ne sont pas adaptées, les crédits dimpots sont à inventer et les gouvernements ne savent pas quoi faire de nous. Nous ne sommes pas retraités ni pensionnés, même les douaniers ne savent pas quoi dire!

Régler le quotidien quand on vit en zone grise se révèle ardu. Essayez de prendre la photo de votre permis de conduire quand vous êtes en Californie. Ou de signer la nouvelle entente de carte de crédit lors de votre journée à la plage en Foride. Il se pourrait que vous deviez trouver une autre solution!

Ah! Et il y a toujours quelque chose qui brise. Ça brasse sur la route dans un VR. Ce qui veut dire que la structure est en constant mouvement. Une fenêtre qui n'ouvre plus, un joint descellé, une porte qui ne ferme plus, une crevaison, etc, etc, etc. Vous apprendrez la mécanique, l'électricité, la rénovation beaucoup plus vite que vous ne le pensez!

Ça semble difficile

Ce n'est pas que l'on veuille se plaindre. C'est seulement que ce n'est pas aussi rose qu'on le croit. Que c’est plus que tous les articles que vous lisez. Que c'est plus compliqué. Ce n'est pas vrai que c'est plus facile ou plus simple parce que l'on est en vacances... Il y a bien longtemps que les vacances sont finies.

Mais, vous savez quoi? Malgré tout cela, partir a été la plus belle décision que nous avons prise pour notre famille. Les liens que nous avons forgés seront éternels. Rien n’arrivera à ébranler notre foi en la vie. Nous avons mis dans nos coeurs un peu de ce que la planète avait de plus beau.

N'allez pas croire que ça ne vaut pas la peine. La majorité du temps, c'est encore mieux que tout ce que nous avions imaginé. Ce qui n'était au départ qu'une aventure de quelques années s'avère devenir l'aventure du reste de notre vie. Le retour n'est plus envisageable. C'est pour toujours que nous sommes partis.

Parce que...

Même si les algues obscurcissent la plage, la mer y est toujours aussi éclatante.
Même si le froid entre par les murs, nos corps accolés nous gardent chauds.
Même si l’argent ne nous rend pas millionnaire, le coeur nous rend milliardaire.
Et même si ce n’est pas toujours facile, ça rend l’ordinaire encore plus extraordinaire!

4 commentaires:

  1. Très belle lucidité dans ce que vous avez choisi de faire de votre vie. Après tout, nous n'en avons qu'une et elle mérite toutes ces belles expériences que vous vivez en famille. '' Les voyages forment la jeunesse'' prends tout son sens avec vous. Bonne route!

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    1. Merci beaucoup! C'est si vrai que nous n'avons qu'une vie et qu'elle mérite qu'on la vive. J'espère que vous en faites autant? ;-D

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  2. Je suis venue régulièrement, et ai adoré ta façon d'écrire et de décrire. J'espère qu'on se verra avant notre départ :-)

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    1. Merci Laurie! J'espère aussi te voir :-D J'espère aussi que tu continueras de me lire même quand tu seras partie. Et qui sait... Tu nous verras peut-être arriver!

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